Par(celles)
Les textes qui sont présents ici sont issus de nombreux moments de ma vie. Certains d'entre eux doivent leur naissance à des instants alors néfastes, d'autres à des éclairs de compréhension et, parfois également, à des temps de gaité. Ces textes sont en eux-mêmes leur propre fin. Ils n'ont jamais eu vertu à grandir ou à s'enrichir. Une fois le dernier point écrit, ils ne m'appartenaient plus. Le reste de leur vie n'a plus jamais dépendu de quiconque si ce n'est des personnes qui les liraient. Pourquoi ces histoires sont-elles ainsi? Pourquoi se finissent-elles sur ces mots? Ça...
« Aïe! Le flash est trop fort! »
- Je suis désolée. Tu sais que je ne peux pas le régler.
- Mais on est vraiment obligées de prendre des photos toutes les semaines?
- On en a déjà parlé et la réponse est toujours oui, petite négociante. Ça m'aide à savoir si on est en bonne santé.
Le son. Comme une corne de brume. Appel au retour. Il devait rentrer. Ne plus penser à autre chose que marcher. Marcher sur les pierres. Marcher sur l'herbe. Marcher sur les zones d'ombre. Éviter les zones de lumière que les feuilles laissent filtrer. Un saut. Un autre. Deux petits. Attendre. Comme si il était une souris qui avait remarqué l'ombre d'un oiseau de proie.
Il venait de raccrocher. Le son léger, presque subtil du vieux téléphone à cadran résonnait au loin dans son oreille, comme une alarme pour ses cicatrices futures.
C'était la troisième fois qu'elle lui avait parlé.
Le bruit strident réveilla Mexix en sursaut. D’un mouvement connaisseur il pianota sur les contrôles afin de faire taire le système, puis il se frotta les yeux du bout des doigts pour en chasser les larmes de fatigue qui s’étaient accumulées aux coins de ses paupières et regarda le cadran qui ornait le dessus de son poste de travail.
L'arôme amer de l'orange domina l’âpreté du thé trop infusé. L’odeur toutefois n’était pas entièrement masquée et lui fit pincer le nez et les yeux. Il se leva avec peine, s'appuyant sur la table pour compenser la fatigue de ses jambes.
Je raccroche avec dans mes oreilles le reste de la voix de cette inconnue qui vient de m’appeler. L’appel pourtant n’a pas duré longtemps. Il paraît que j’ai une bonne mémoire auditive. Je ne suis pas vraiment sûr de ça. Elle voulait me vendre des fenêtres. Je ne suis pas propriétaire, lui ai-je répondu sans même attendre qu’elle me pose la question. Je savais qu’elle allait le faire. C’est dans leur script.
Il avait rêvé d’un volcan. Il pouvait encore sentir sa chaleur et le bruit assourdissant de son coeur en explosion, sa gueule ouverte.
Il passa sa main sur son visage comme pour chasser les restes de ses tremblements. Il aurait aimé y trouver le goût salé de la transpiration. Il n’y avait rien.
Il est dit qu'Ariane, fille de Minos et de Pasiphaé, sœur de Deucalion et de Phèdre, était dotée d'une beauté qui n'avait d'égal qu'en Hélène de Troie, cause de la guerre d'Illium et des tourments des Atrides.
Je ferme les rideaux et mon thé est déjà froid. La tasse sur le coin de mon bureau est aussi blanche que le dehors, si ce n'est les visages de ces lutteurs sumo tels qu'ils ont été peints par quelqu'un, à un moment, dans le Japon de notre époque. Enfin je crois... Je ne comprends rien au japonais.
Sur le banc flétri par les ans, l’enfant attend. Il sait que son temps est venu, que ce sera bientôt son tour. Du fond du couloir son nom retentira et il devra se lever, passer la porte qui grincera, marcher sur le plancher de bois usé qui craquera sous ses pas et se rendre dans la même salle que toujours.
J’ai reçu cette idée
D’une horloge rouillée
Dont le tintement lugubre
Sonnait jusque dans mes fibres.
Le temps passe
Je ne peux pas l'arrêter
Au réveil Sophie étire ses muscles à la longueur du monde. La
poitrine pleine de l’air doux des ipomées et les yeux encore flous elle
pose son pied à terre.
Il s’étira mais suspendit son mouvement à mi-chemin. Quel avait été son rêve? Il pivota sur son séant et s’empara de son cahier et de son stylo. Il ouvrit le volume de papier sur une nouvelle page, dénigrant les textes précédents. Il posa la pointe de la plume mais cette dernière était sèche. Il pesta, saisit son encrier, remplit rapidement son outil et se mit à l’ouvrage de la mémoire.
Il ne restait du palais que ce qui demeure d’une nuit d’ivresse, et elle se rappelait car il n’y avait rien d’autre qui pouvait être fait. Son nez ne percevait plus les fragrances qui avaient embaumé les draps dans lesquels elle s’était pâmée dès le premier jour de son arrivée
Sur le vieux toit, trois tuiles grises manquaient, laissant voir un morceau de charpente vermoulu et entendre un piaillement plaintif d’un oiseau sans doute prisonnier et incapable de s’extraire de ce repère traître. En-dessous, la gouttière crevée de rouille formait une sorte de rictus malade.
Il n’avait jamais aimé le bleu sur les murs. Il aimait le bleu dans le ciel, le bleu dans les yeux, le bleu dans la mer, le bleu sur la carrosserie des voitures, le bleu sur les vêtements, mais pas sur les murs. Ce bleu-là avait quelque chose d’artificiel qu’il ne trouvait pas autre part.
Un homme se tenait sur un vieux ponton de bois le long d'une rivière calme. Tous les jours, de nombreux voyageurs passaient à côté de son refuge par la grande route qui permettait aux caravanes de se rendre de la capitale à la seconde ville du pays.
«Nous allons mourir.»
Le trajet avait été vérifié par les ordinateurs les plus puissants et enregistrés dans la mémoire du plus puissant d’entre eux qui se trouve là, à portée de ma main, dans ce bijou, cette merveille issue de l’intelligence humaine, leur vaisseau, le Giordano.
Je pense, en fait, qu'animalité, humanité et dépassement de soi, ou surhumanité, sont des facettes indissociables de la nature humaine. Elles constituent les conditions de l'émergence des origines de notre espèce, celles avec lesquelles il nous faudra encore compter pour nous engager toujours plus loin dans le futur.
Elle se réveilla allongée sur le sol. Sans lumière, elle ne pouvait savoir où elle se trouvait. Il n’y avait aucun bruit. C’était le silence. Total.
Elle se redressa, chercha à tâtons un mur, un meuble, un objet quelconque, comme une ancre pour son esprit. Était-elle chez elle? Était-elle dans un véhicule? Elle ne se souvenait pas s’être couchée. Elle ne se souvenait pas être rentrée, où que ce soit. Sa mémoire était comme cette pièce. Noire.
«Je ne veux pas mourir.
«Je ne veux pas mourir je ne veux pas mourir je ne veux pas mourir je ne veux pas mourir!»
Elle voulut taper du pied mais son petit corps était écrasé contre lui-même, si douloureusement comprimé qu’elle pouvait à peine respirer. Elle sentait ses genoux qui lui renvoyaient son haleine apeurée. Elle sentait ses mains déformées contre les parois invisibles de sa cage.
Note du rapport:
Le présent rapport a été écrit afin d’apporter la compréhension au plus grand nombre. Je ne doute pas que la plupart des informations vous sont déjà connues, mais il m’a semblé nécessaire de l’écrire ainsi afin que la vérité puisse un jour se répandre au-delà de notre sphère. J’espère qu’il vous aidera.
Un ami.
Le festin avait abreuvé les corps et meurtris les esprits. Autour des tables lourdes de victuailles le silence avait creusé les heures fraîches pour la venue de la lune. Le feu dans l'âtre ronflait dans ses cendres tièdes et jaunes, laissant de fines feuilles oranges et bleues virevolter au bord de l'abandon.
Le réveil venait de sonner… Il était tôt. Très tôt. Beaucoup trop tôt pour aller se coucher. Il ne lui restait plus qu'à attendre. Attendre que la journée se passe, que la lumière se transforme en ombre, que les étoiles retrouvent la suprématie des cieux, et alors elle pourrait dormir. Mais pas avant. Pas avant.
Cette histoire commence comme toute histoire devrait commencer : par un bruit d’horloge.
Il y avait une rangée d’arbres. Leurs feuillages embrumaient les rayons du soleil pour en faire un halo lunaire. Il y avait du vent. Il pénétrait, comme un visiteur, entre les deux lignes brunes et vertes.
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Quand le soleil illumina les lamelles des volets et s'insinua dans la chambre, lesdraps, sur le lit supérieur, s'agitèrent; un léger grincement, issu du bois de pin, se perdit dans le froissement du tissu, d'une profonde respiration, puis d'un retour à une ambiance feutrée, chaleureuse, murmurante
"Voici... Icare" et la foule, assemblée devant la scène, bloc-note, enregistreurs vocaux, caméras vidéos dans les mains, ne put savoir si le professeur Adam présentait sa création au monde, ou si c'était le monde que le professeur présentait à son invention.
Il était tard, ou tôt, très tôt. Ce moment où le soleil est masqué, où le froid rôde sur la peau tannée des pavés, où le souffle léger de l’Hégoa, au dessus des lignes rudes des barres populeuses, agite les rayons solaires.
Salué. Adulé. Presque une icône. Parfois même au-delà. Le bac à courrier déverse les montagnes de lettres, de demandes d’invitations. La lumière du plafonnier reflète les disques brillants qui tapissent les murs, les plaques vernies qui rappellent telle ou telle soirée, gala ou cérémonie. L’intérieur frais et doux respire le silence, la quiétude. Aucun désordre, pas de poussière.
Sur les murs de la cellule, il avait écrit son histoire. J'avais été chargé par le clergé de les nettoyer. "Pour faire disparaitre l'hérésie" m'ont-ils dit.
C’était une grande bâtisse, comme celles qui germaient sur le bord des rues à la périphérie des villes, dans ces quartiers qui sortaient de terre comme de gros, gras dévoreurs de soleil.
Je tombe. Le ciel ne veut pas de moi.
Je vole. La terre refuse mes pas.
Je suis suspendu entre deux eaux.
Le feu qui me dévore est la cause de ma mort.
“Donne moi un indice!?”
Pourquoi? N’est ce pas le principe de la surprise de ne rien savoir de ce qui se trouve au fond de la boîte?
Oui, c’est vrai, mais j’aimerais tant savoir ce que c’est!
N’insiste pas, je ne te dirai rien.