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Tyler Durden, Le Non-Consommateur.


“Vous voulez voir des gens qui souffrent ? Faites un petit tour à l’église Méthodiste le mardi soir, vous verrez des gars qui ont un cancer des testicules. Ça c’est de la souffrance.” (05:50)

Souffrance. Ce mot représente à lui seul le combat de Tyler Durden. La souffrance se définit par le fait de souffrir, de ressentir une douleur physique ou morale. Dans notre monde civilisé, tout plein de la science et des fantastiques performances dans la guérison des maux, jamais la souffrance n’a eu plus large fief. Elle est partout, base de la société sur laquelle les hommes grandissent. Éprouver de la souffrance est la grande maladie du vingt-et-unième siècle, pour ne pas dire du vingtième. Se séparer de la souffrance est le but, la quête essentielle poursuivie par chacun. La souffrance est refusée. Le but du monde est le bonheur, et ce bonheur ne peut exister si la souffrance siège dans le cœur de l’homme. Toutes les forces de vie de chacun se tournent vers l’abolition de la douleur, sous toutes ses formes. Ressentir un mal, ce n’est pas vivre. Ressentir un mal, c’est comme mourir.

La politique de consommation s’est entièrement tournée vers cette manne providentielle. Peut-être l’a-t-elle même créée. Qu’importe, l’origine de la maladie de l’homme moderne n’est pas vraiment importante ici. Ce qui compte, dans cette étude, c’est de savoir en premier lieu pourquoi la souffrance est le blâme de l’homme mauvais. Tel est le but de cette introduction.

Le développement de la culture et de la production durant les premières décennies du vingtième siècle apporta à la société occidentale un sentiment de supériorité. L’âge d’or de la culture industrielle commençait, avec comme fer de lance le Fordisme. Pouvoir produire assez à un prix suffisamment bas pour que tous puissent jouir des plaisirs des produits proposés était un devoir. Non, plus qu’un devoir, c’était une nécessité, pour que tous profitent des bienfaits développés par l’homme. L’idée, exposée ainsi, pourrait valoir des remerciements. Permettre à chacun de vivre mieux pour pas cher, l’idée était magnifique. Les hommes peu scrupuleux l’ont vu, eux aussi, mais d’un autre œil. Le capitalisme magnifique qui aurait pu faire du monde une utopie s’est métamorphosé, et la chenille, au lieu de devenir papillon, a donné un monstre terrifiant dont la seule fin n’est pas de dévorer, mais de faire dévorer, encore et encore, ses enfants par la masse toujours plus gloutonne de ses adeptes.

L’univers de Fight Club est ce monde que Tyler Durden, anarchiste, révolutionnaire, à la philosophie de vie plus qu’atypique, veut chambouler. Point de modifications en douceur pour lui. Il sait, ou il ressent, qu’un tel changement ne pourra se faire qu’avec un coup unique et meurtrier porté aux fondations du monde moderne. Comment parvient-il à s’attirer les hordes de ses disciples, et faire que la société plonge dans son rêve ? Telle est la question à laquelle cet exposé va répondre.


Le narrateur et Tyler : Le Fight Club.


Fight Club joue sur les principes de narrations afin de plonger le spectateur dans l’ambiance improbable du film. “Trois minutes, on y est, le point zéro. Tu veux dire quelques mots pour marquer le coup ?” (2:00) Cette voix est celle de Tyler, dont l’apparence inconnue n’est visible que par le pistolet qu’il tient dans la bouche du narrateur (Edward Norton). Ce dernier ne possède pas de nom. Tout le long du film, son identité demeurera inconnue. La raison est simple : C’est monsieur tout le monde : Le profil qu’il fait de sa vie dans les premières minutes nous le montre. C’est un jeune cadre, célibataire, que les revues de mobiliers passionnent plus que tout autre chose. Son appartement se compose de tout ce qui “[le] définit en tant qu’humain.” Le salon Machab avec le motif string à rayures vertes, table représentant le yin et le yang, le vélo d’appartement Hovetrekke, tout ce qui le caractérise sort des magasines de ventes. Le plan général de son appartement commence d’ailleurs par une plongée dans l’une de ces revues, comme si lui même en faisait partie. “Quel genre de vaisselle me définit en tant que personne ?” se demande-t-il. Sa personnalité ne trouve son expression que dans la consommation, dans le besoin presque névrotique de se procurer ce qui fera de lui quelqu’un.


Il est la quintessence de l’esclave d’un monde où la consommation est devenue une obsession, où posséder la plus infime chose revient à ajouter à sa personne une valeur non plus humaine, mais marchande. Lorsque le narrateur, dans l’image si-dessus, traverse les pièces de son appartement où les références des objets se superposent sur sa personne, le prix d’achat de ses meubles devient son propre prix. La valeur de sa vie est la valeur de ses biens. Pourtant, notre narrateur, malgré toutes ses acquisitions, souffre : L’insomnie le ronge. C’est lors d’une visite à un médecin pour ce problème que la phrase d’introduction est prononcée. Voulant le faire relativiser sur sa condition, le médecin le guide vers ces hommes qui ne sont plus entièrement des hommes, pour lui faire prendre conscience de son existence et de sa chance de n’avoir qu’un simple problème de sommeil qui ne peut-être que passager.


Au milieu de ses presque-semblables, le narrateur se cache, en modifiant son nom. Le doute pourrait subsister, peut-être que Cornelius est son nom véritable, mais la suite nous apprendra le contraire. Ainsi, dans ce groupe où la tristesse est presque palpable, le narrateur découvre une liberté étrange : “Perdre tout espoir, c’est cela la liberté” (08:50). “Même les bébés ne dorment pas aussi bien.”(09:00) dit-il juste après cette scène. Face à tant de tristesse, le narrateur ne s’en sent que mieux. Pourtant, cette déduction est fausse, comme la suite du film nous le prouvera. Mais cela sera pour plus tard.


Durant un an, le narrateur fréquente ces cercles de rencontres particuliers : Tuberculeux, parasités, cancéreux... le spectateur à l’impression que partout où la douleur se manifeste, le narrateur s’y rend, comblant le manque sentimental de son existence de la douleur des autres. Mais, un jour, une femme, Marla Singer, arrive, et tout s’écroule. Par elle, le narrateur se voit tel qu’il est : un faible qui ne fait que passer, un bluffeur, un menteur, un imposteur. Elle l’obsède, il ne peut l’éviter. Dans chacune des soirées si particulières où il se rend, elle est là. C’est à ce moment que Tyler Durden rentre en jeu.


La première apparition de Tyler le montre étrangement décalé : Le narrateur est dans un avion, et à ses côtés se trouve cet atypique personnage, lisant la manuel de sécurité en cas de problèmes. Ses réflexions sont pour le moins étranges : “Une issue de secours à douze-milles mètres d’altitude... l’illusion de la sécurité.” dit-il, et il n’a pas forcément tort, peut-être a-t-il même raison. Il dissèque ainsi tout ce qui, dans son environnement immédiat, n’est qu’un artifice, tout ce qui n’est pas inutile, tout ce qui, en fait, est illusion. Le narrateur est sidéré, en admiration face à cet esprit d’une logique folle. Après leur petite conversation, Tyler part, sous le regard du narrateur.


De retour dans sa ville. Des bagages qui n’arrivent pas. De dépit, le narrateur s’en retourne chez lui, dans ce lieu décrit plus avant, qu’il ne peut que contempler du dehors, car de ses fenêtres se déverse “un magma brûlant qui auparavant était [ses] meubles.” Tous ses biens ont disparu. Sans logement, sans ami, le narrateur appelle Tyler. Ainsi commence la découverte minutieuse de cet homme, producteur et marchand de savons, qui partagera sa vie avec notre narrateur. Et tout, chez Tyler, semble le miroir du monde, le reflet de notre mode de vie : Nocturne, désinvolte, imprévisible, comme le dit le narrateur : “Tyler était un personnage nocturne, pendant que nous étions occupés à dormir, lui il travaillait. Il avait un emploi à mi-temps, comme projectionniste [...]. “Qu’est ce qui peut bien motiver quelqu’un pour faire ce boulot de merde ? Et bien parce que ça lui fourni la possibilité de choses plus intéressantes, comme d’insérer quelques images pornographiques dans des films pour la famille.” (31:07) ou bien encore : “Il était aussi serveur au luxueux Presman Hotel. En plus de péter sur les meringues, il pissait dans la bisque de homard, il éternuait sur les plats d’endives braisées, et quant au velouté aux champignons et bien... Je suis sûr que vous avez deviné.”


Tyler, ce n’est pas juste un homme rebelle, c’est bien plus que cela. Les actions décrites ne sont pas simplement des farces de mauvais goût destinées à faire rire autour de lui. Le projet de Tyler est de démystifier l’intégralité du monde de la consommation en détruisant ce qui est appelé leur “Qualité”. Les exemples du cinéma ou du restaurant sont les premiers pas dans notre connaissance de Tyler, et de loin les plus insignifiants. Car la philosophie de ce “guérillero” est bien plus alambiquée qu’elle n’y parait tout d’abord.


Dans ce bar où Tyler et le narrateur se sont retrouvés, notre guide expose à son nouvel ami la frustration d’avoir tout perdu. Il conclut l’état de ses pertes en disant : “J’allais enfin être aussi complet que possible.” Tyler le regarde, l’œil triste, visiblement touché du discours de cet homme à la rue, mais pas pour ce que nous pensons. “Nous sommes les résidus d’un mode de vue devenu une obsession.” lance Tyler, avant de cracher sur tout ce qui forme le soi-disant homme parfait de notre monde. Les mots de Tyler font sourire le narrateur, qui adhère un peu trop rapidement à cette pensée si différente de lui. Mais qu’importe, il apprécie la compagnie de cet ami atypique qui lui propose de venir loger chez lui. Mais avant cela, il va falloir se battre.

“Je veux que tu me tapes aussi fort que tu peux.” (31:00). L’échange de coups se fait, tout d’abord alterné, avant de devenir un véritable combat, dans lequel aucune haine ne s’exprime. Il n’y a que le contact. Et le narrateur aime ça, proposant même de remettre ça à l’occasion. Le Fight-Club naissait.


Le Fight-Club, ce n’est pas une simple histoire de combat, c’est autre chose : C’est une structure, avec des règles simples et d’une logique implacable, qui attire chaque semaine de plus en plus de personnes. Les trois règles principales sont celles-ci : “ Règle numéro un : il est interdit de parler du Fight-club. Règle numéro deux, il est interdit de parler du Fight Club [...] huitième et dernière règle : Si c’est votre premier jour au Fight-Club, vous devez vous battre.” (41:10) La philosophie du Fight Club est différente d’un club ordinaire, d’un lieu de combat. Le Fight-club permet aux hommes de s’affronter pour exprimer leur véritable nature, dans une complicité fraternelle. C’est un lieu de libération, ou les normes civiques habituelles sont à la fois effacées et poussées à leur limite dernière. À la fin d’un combat, les deux combattants se redressent et s’étreignent comme deux vieux amis qui se découvrent l’un l’autre et redécouvrent qu’ils sont en vie.


La se trouve la force du Fight-Club. Ceux qui viennent dans la cave du Lou’s Bar ne viennent pas pour de l’argent, pour de la reconnaissance de la part des autres, pour se faire des amis. Il n’y a aucun profit dans cette entreprise montée par le narrateur et Tyler Durden, juste une volonté de montrer que les instincts premiers de l’homme existent toujours, qu’ils ne sont pas morts, qu’ils ne sont pas de simples marionnettes incapables de ressentir. Grâce au Fight-Club, ceux qui participent aux soirées se sentent de nouveau membres d’un groupe sans finalité, sans contraintes.


“Le fight-Club... c’était mon cadeau et celui de Tyler, notre cadeau au monde.” (01:06:50). Mais les cadeaux ne sont pas la bienvenue dans le monde du spectacle et de la consommation. Cette opposition s’exprime avec force durant la scène de la confrontation entre Tyler Durden et le propriétaire du Lou’s Bar. Tyler, face aux participants de plus en plus nombreux, s’exprime pour la première fois sur la société actuelle de manière directe. Il interpelle ceux qui le regardent et leur dévoile ses pensées sur la décrépitude de leur monde. :


“Je vois ici les hommes les plus forts et les plus intelligents que j’ai jamais vus. Je vois tout ce potentiel, et je le vois gâché ! Je vois une génération entière qui travaille à une pompe à essence, qui fait le service dans des restos, qui est esclave d’un ptit chef dans un bureau. La pub nous fait courir après des voitures et des fringues, on fait des boulots qu’on déteste pour se payer des merdes qui nous servent à rien. On est les enfants oubliés de l’histoire mes amis. On n’a pas de but ni de vraie place, on n’a pas de grande guerre, pas de grande dépression... notre grande guerre est spirituelle, notre grande dépression, c’est nos vies. La télévision nous a appris à croire qu’un jour on serait tous des millionnaires, des dieux du cinéma ou des rock-stars. Mais c’est faux. Et nous apprenons lentement cette vérité.”


Dans ce discours, ce n’est pas de la haine qui s’exprime, mais de la tristesse, une tristesse gigantesque née de la confrontation avec une réalité qui ne s’exprime pas mais qui se ressent. Face au tumulte de la consommation, Tyler dévoile la face cachée du monde capitaliste : Un monde qui se craquèle sous son propre poids, sous sa propre malédiction qui fait dépérir son corps. La société de service et de production est montrée non pas comme un paradis enfin atteint, comme le font les publicités et les magazines, mais comme un marais où la vie lentement meurt. À la fin de ce discours, auquel tous adhèrent, le propriétaire du bar arrive, découvrant avec stupeur cette foule, et parle avec Tyler :


“Qui vous a dit que vous pouviez utiliser mon bar bande d’enfoirés ? - On a un arrangement avec Irvine. - Irvine ? Irvine est chez lui avec une clavicule cassée, et Irvine c’est pas le proprio, c’est moi le proprio. Combien de pognon il touche pour ça ? - Il touche pas de pognon. - Vraiment ? - Gratuit pour tous. - Ah c’est pas beau ça. - Si c’est très beau.” Suite à cela, Tyler se fait battre violemment par le propriétaire, mais au lieu de se défendre, Tyler se laisse marteler de coups, s’amusant même de la force avec laquelle le capitaliste le moleste. Ce n’est qu’une fois que le propriétaire pense avoir imposé son point de vue que Tyler lui saute au visage, dégoulinant de sang, et parvient à lui arracher la promesse de ne pas leur interdire l’accès au sous-sol. Encore une fois, Tyler, sans user de violence ni d’argent, obtient ce qu’il veut. Et, sans aucune rancune, propose à celui qui lui a infligé ses blessures de revenir, pour participer au Fight-Club.


Ouvert à tous, permettant à chacun de s’exprimer librement par leur physique, de se libérer de leurs inhibitions, le Fight-Club offre une nouvelle vie à ses participants. Cependant, le Fight-Club n’est que la première étape du plan de Tyler. À la fin de cette incartade avec le propriétaire du bar, Tyler, le visage ruisselant de sang, annonce aux hommes autour de lui qu’ils auront “tous un devoir à faire. Vous irez dans la rue, et vous provoquerez une bagarre avec un parfait inconnu. Vous allez chercher la bagarre, et vous allez perdre.” (01:11:37) Le Fight-Club commence à sortir de la cave, pour agir au grand jour. La raison de cette demande est simple : Le quotidien des personnes lambda va changer grâce à cela. L’habitude et la bienséance vont peu à peu disparaitre des rues pour laisser place à une nouvelle vague expressive, opposée à elle : Le Projet Chaos.




La Fight-Club est dans les rues. Plus question de bagarres entre inconnus dans la sobriété d’une cave de bar de banlieue. La ville découvre chaque jour que son quotidien évolue, et nous en sommes les spectateurs. Des nombreux raids se forment, grâce aux devoirs que Tyler donne à ceux qui l’ont rejoint : Les paraboles de réception des chaînes satellites sont brisées à coups de battes de base-ball, des affiches aux slogans fantaisistes fleurissent, des voitures de luxe se retrouvent souillées par des dizaines de pigeons attirés sur les toits des concessions, et les planchettes explicatives des gestes de survies à accomplir dans les avions en cas de problèmes échangées pour une version plus réaliste.


Le projet de Tyler devient de plus en plus étrange. Après avoir créé le Fight-Club, après ces actions d’éclats qui chamboulent la ville et la prive de sa tranquillité, Tyler se lance dans une politique d’actions sans victimes qui fait de plus en plus parler d’elle. Les titres des articles que Tyler accroche sur le babillard montrent la loufoquerie des “devoirs” accomplis. Plutôt que de faire des actions d’éclats qui pourraient provoquer la révolte des autorités et des habitants, Tyler choisit de faire parler de son organisation en faisant rire ou, pour être plus sérieux, en excitant la curiosité. Ses actes pourtant ne sont pas du goût de la municipalité qui se lance à la poursuite de ces fauteurs de trouble grâce à l’opération Espoir. Cependant, le chef de la police, chargé d’arrêter ceux qui dérangent, se retrouve confronté aux membres du Fight-Club. C’est à ce moment que le Fight-Club est dévoilé dans toute sa puissance, par les mots de Tyler : “Les personnes que vous recherchez sont celles dont vous dépendez : On prépare vos menus, on enlève vos ordures, on vous relie par téléphone, on conduit vos ambulances, on vous protège pendant votre sommeil.”(01:30:30) Comment lutter face à une telle force ? Tyler annonce dans ce discours que les investigations rigoureuses que la police pourrait lancer ne feraient que s’attaquer à un système tellement vaste qu’il serait impossible de le faire sombrer sans détruire tout le système. Ce que Tyler annonce, c’est que la consommation est la seule créatrice de cette situation. Impossible à arrêter, impossible à contrôler, la force productrice du monde a commencé à se rebeller contre son propre système. Déjà, Tyler a gagné la guerre qu’il livrait contre le capitalisme : Il le contrôle, l’empêche d’agir. La machine de la consommation grince. Mais l’homme décidé ne compte pas s’arrêter là.


Le narrateur, durant un matin qui ressemble à tous les autres, trouve devant sa porte un homme, debout, le regard fixe. Il le connait, il fait partie de ceux qui fréquentent le Fight-Club. Tyler, nonchalamment, demande à celui qui patiente de partir. Le narrateur, éberlué, questionne Tyler : “ Voilà, si le postulant est jeune, tu lui dis qu’il est trop jeune, vieux, trop vieux, gros, trop gros. S’il attend ensuite trois jours sans nourriture sans abri et sans encouragement, il peut entrer et commencer un entrainement.” (1:24:03)


L’attitude de Tyler ici est simple : Il ne souhaite que tester la résistance des personnes qui veulent venir suivre cet “entrainement” qu’il propose. En les attaquant sur leurs défauts, Tyler cherche une première forme de déshumanisation, qui sera à la base du projet Chaos. Pouvant être vu comme une sorte de secte, le projet Chaos n’en est pas vraiment une. Ce que Tyler, par le projet Chaos, recherche, ce sont des personnes totalement détachées du monde dans lequel ils ont œuvré durant leur vie passée. Plus qu’une secte, le projet Chaos est une école où l’éducation dispensée consiste en un apprentissage du désintéressement de la consommation capitaliste, pour l’esprit de groupe. D’ailleurs, la vieille bâtisse qui servait tout d’abord de maison au narrateur et à Tyler s’est munie de couchettes, installées par Tyler puis, quand les premiers membres du projet Chaos se sont installés, un jardin est apparu, et un atelier a vu le jour. Le projet Chaos s’est entièrement détaché des emprises de la consommation de masse pour se suffire à lui même au travers du travail personnel de la terre et du traitement des matières premières. Le premier a des vertus clairement primaires, car cela permet aux habitants de la maison de pouvoir vivre. Mais le second point est plus étrange. Pourquoi de telles quantités de savon, pourquoi un tel stock ? Pour un peu, le spectateur pourrait se croire dans une zone de guerre, sur les lignes arrières, où l’entreposage des munitions et la collecte des vivres constitue la principale, pour ne pas dire la seule activité. Et, étrangement, cela n’est pas vraiment une déformation de la réalité. Car le projet Chaos est avant tout une immense entreprise de recrutement dont le but est de former de nombreuses personnes en vue d’une situation qui ne se dévoilera que durant la dernière partie du film, mais que je vais aborder dès à présent, avant même d’expliquer la relation extrêmement particulière entre le narrateur et Tyler.


Le narrateur se réveille d’un accident de voiture provoqué délibérément par Tyler. Mais ce dernier a disparu. Découvrant des billets d’avion pour les grandes villes américaines, le narrateur décide de suivre la trace laissée par son camarade, afin de le retrouver. Au retour de ces multiples trajets, le projet de Tyler devient clair pour le narrateur : Tyler s’apprête à bouleverser l’équilibre capitaliste du monde. Après toutes les actions entreprises par Tyler et les membres du projet Chaos, la pierre de voûte de leur œuvre va se poser, et écraser la finance mondiale. Bien plus fort que tout ce que les terroristes de notre monde réel ont pu imaginer, le coup d’éclat conceptualisé par Tyler consiste à réduire à néant toutes les données bancaires, d’effacer tous les comptes, toutes les transactions, en détruisant les immeubles dans lesquels ces informations sont enregistrées. Là est la grande force de Tyler, de vouloir réellement chambouler le monde libéral, plutôt que de ne faire que perturber, à petite échelle, les mouvements de fonds et de personnes, comme c’est le cas dans notre société. Toutes les actions effectuées par les membres du projet Chaos n’étaient finalement que des initiations, des mises en situation pour le grand jour. Le Narrateur comprend cela, et dans sa tentative de mettre à bas cet acte que l’on pourrait dans une certaine mesure qualifier de terroriste, il se heurte au mur dressé par Tyler.


Car le projet Chaos n’est pas un simple groupe clairsemé. Comme je l’ai dit plus haut, Tyler s’est rendu dans de nombreuses villes et a recruté une véritable armée d’hommes prêts à tout pour lui, mais pouvant “agir indépendamment du pouvoir central.” Ce réseau est quasi invisible, mais dans sa recherche des sources du projet Chaos, le narrateur va très rapidement se rendre compte que le projet Chaos, les dizaines d’hommes qui parcouraient sa maison, n’était qu’une colline qui masquait une montagne. Tout le monde semble impliqué : Le début du film nous a montré des cuisiniers, des serveurs, des employés de bureau, mais il y a aussi les équipes d’entretien des bâtiments promis à la destruction, les services de sécurité, des chauffeurs de bus et bien d’autres personnes. C’est comme si le projet Chaos regroupait toutes les personnes mécontentes du système qui ne leur permettait pas de vivre vraiment. C’est peut-être même le cas. L’étendue des actions de Tyler dépasse tout ce que le narrateur peut imaginer, et le spectateur, pas vraiment perdu mais sans information concernant la réelle dimension de ce groupe, ne peut qu’extrapoler au plus grand. Cette supposition se confirme même lorsque le narrateur, venu se rendre de lui-même au commissariat, se retrouve confronter avec des inspecteurs de police faisant partie du projet Chaos, et prêts à l'émasculer pour son acte. Dans cette situation, le narrateur ne peut que les traiter de fous, et les menacer, tellement le contrôle de la situation lui échappe. Une question émerge alors : Comment Tyler a-t-il pu fédérer un si grand nombre de personnes autour de ce projet de destruction ?


Avant de répondre à la question, clarifions un point. après plus d’une heure trente de film, la réalité nous apparait enfin : Tyler et le narrateur ne font qu’un. La sensation de vérité que nous a apportée le film nous plonge, nous spectateur, dans l’univers de la schizophrénie, jusqu’à nous faire devenir tout comme le narrateur. Partant de ce principe, de nombreuses pistes se développent concernant la réalité de Tyler. Qui est-il ? Est-il seulement le reflet de la démence du narrateur, ou le signifiant d’une pensée plus profonde et plus répandue ? En nous plaçant dans la situation du narrateur, nous avons pu, par l’intermédiaire de la voix off qui résonne durant l’intégralité du film, participé de la vie du narrateur et devenir lui. Tyler devient donc une partie intégrante de notre propre personne, expression de notre désir de changer les choses. Tyler en parle avec le narrateur durant la scène de l’hôtel : “ C’est impossible. - non. - c’est dingue. - les gens font ça tout le temps. Ils se parlent à eux-mêmes, ils se voient, eux-mêmes tel qu’ils aimeraient être. Mais ils n’ont comme toi le courage d’aller jusqu’au bout.” (1:48:50)


Nous sommes donc comme le narrateur, à la seule différence prêt que son désir de vouloir changer est si fort qu’il est allé jusqu’à la demie-folie pour pouvoir y arriver. Oui, le narrateur est fou, mais il n’est que le représentant d’un “mode de vie devenu une obsession”.


À partir de ce constat, nous pouvons aller un peu plus loin, et utiliser le concept de révolution, tel que le marxisme peut l’employer, de s’insurger contre la structure en place afin d’établir à la place un monde différent plus respectueux des masses. À cette phrase vient répondre une autre phrase que Tyler prononce après l’accident de voiture : “ Dans le monde tel que je le vois, on chassera des élans dans les forêts humides et rocailleuses qui entoureront les ruines du Rockfeller Center. On portera des vêtements de cuir qui dureront la vie entière, on escaladera les immenses lianes qui envelopperont la tour Sears, et quand on baissera les yeux, on verra des minuscules silhouettes en train de piler du maïs, ou de faire sécher de fines tranche de gibier sur l’aire de repos déserte d’une super autoroute abandonnée.” (1:37:17)


La description que nous fait Tyler de son rêve ressemble étrangement à la description du retour à la nature de Rousseau. En effet, Tyler peut se définir par cette phrase de l’auteur Suisse : “ce n'est pas une légère entreprise de démêler ce qu'il y a d'originaire et d'artificiel dans la nature actuelle de l'homme." (Discours sur l’origine et les fondements des inégalités parmi les hommes). Tyler-narrateur a effectué cette démarche de lui-même, selon un processus qui n’est pas décrit dans le film mais qui peut être imaginé : Enfermé dans son monde de consommation, incapable de dormir tellement il était obsédé par le monde capitaliste, le narrateur s’est créé le personnage de Tyler lors de ses premières visites dans les groupes de soutiens. En découvrant le réseau de relations entre les personnes brisées par la douleur, le narrateur a développé un nouveau personnage qui pourrait, à sa place, rendre le monde plus humain. Il existe deux détails pour affirmer cela : Le premier vient plus particulièrement des mots que prononce Tyler au narrateur lors de la révélation de leur relation : “ La maison ? - Loué à ton nom depuis un an.” Le second point est plus subtil, est repose sur une conscience de la situation. Lors de la rencontre entre le narrateur et le médecin, au tout début du film, un arrêt sur image très précis nous montre l’émergence de Tyler dans la conscience du narrateur. La différence entre ces deux images est de l’ordre de l’écart entre deux images dans un film, soit 1/24ème de seconde. (D’ailleurs, le film recèle bon nombre de ces images jusqu’à ce que Tyler apparaisse clairement dans l’histoire). Tyler est donc né de la réflexion du narrateur sur le monde. En accédant à ces milieux dans lesquels la douleur véritable s’exprime avec force, le narrateur a développé une conscience de la nécessité du changement. Il n’a pas créé cet état de fait, il n’a fait que se rendre compte des nécessités. Par cette prise de conscience personnelle, le narrateur n’a fait qu’exprimer ce que tout le monde fait, sans vraiment l’admettre. Exposant au grand jour cette nouvelle quête de soi, le narrateur a fait plus que prôner un simple message : il a touché les hommes dans leur plus profonde intimité, dans leur existence. Tout le discours de Tyler est porté sur cette rupture que le capitalisme et la société du spectacle ont créé dans le quotidien humain. C’est cette rupture qu’il a exploitée.


Le projet de Tyler repose sur cette rupture qui lui donne une légitimité purement subjective. Le Fight-Club, puis le projet Chaos, sont les deux étapes de son but, et à l’intérieur de ce but, Tyler emploie tous les moyens possibles. Les membres du projet Chaos sont montrés comme de véritables petites fourmis travaillant d’arrache-pieds. La maison de Paper-street est une vraie fourmilière où grouillent jours et nuits des équipes qui se relayent afin de finaliser les plans dans les temps. Mais ces fourmis sont bien étranges. Tyler dit vouloir libérer les hommes, mais sa manière de faire diffère quelque peu de sa vision : à chaque nouveau recrutement, le nouveau doit rester trois jours sans encouragement et sans nourriture devant la porte, subissant insultes et coups. Une fois admis, le nouveau doit se raser les cheveux, et Tyler de dire “un vrai singe de l’espace”, comme si ces personnes étaient devenues des sujets d’expériences soumis entièrement à Tyler. De plus, la rengaine de Tyler, lorsque ses ouvriers travaillent, est particulièrement rude : “ Écoutez moi bande d’asticots, vous n’êtes pas exceptionnels, vous n’êtes pas un flocon de neige, merveilleux et unique. Vous êtes fait de la même substance organique pourrissante que tout le reste.” (1:26:48) Le projet de Tyler est de tout inverser, et alors qu’il disait que la télévision faisait miroiter l’espoir que chacun serait un jour une star du rock ou du cinéma, lui leur serine qu’ils ne sont rien. Tyler détruit toutes les structures de l’égo de chacun, afin qu’ils puissent pleinement participer à son projet.


Ce projet, qui pourrait être vu comme un projet fou, n’en est pas un. Si Tyler agit de manière si extrême, c’est pour la simple raison qu’il souhaite faire que chacun soit pleinement conscient de sa réelle valeur, de leur finitude, pour qu’ils puissent sans douleur se libérer du monde d’apparences dans lequel ils ont passé la majeure partie de leur vie. Ce n’est pas une torture que Tyler impose à ses disciples, c’est un entrainement rigoureux dont le but est de les préparer au véritable projet, qui sera de pouvoir vivre sans les structures et les illusions du monde.


Pourtant, Tyler, qui se dit agir pour le bien de tous, n’en demeure pas moins despotique dans son entreprise. Les décisions qu’il prend n’appartiennent qu’à lui, et même si les équipes des autres villes que la sienne peuvent agir sans son secours, Son attitude démontre que son projet lui est exclusif, et que lui seul peut prendre des libertés concernant ses propres lois. Alors que les membres du projet Chaos sont tous vêtus de noir, les cheveux rasés, excepté le jeune garçon blond qui recevra les foudres de la colère du narrateur, et aucun d’eux ne peut poser de question, n’a le droit à une remarque concernant le projet Chaos, comme si la compréhension de ce plan ne pouvait être permise aux non-initiés, voir même aux humains. Dans le dernier cycle de l’histoire, alors que le narrateur prend conscience de sa folie, Tyler n’est plus habillé de la même manière : Auparavant revêtu d’habits classe mais relativement discrets, le passage dans l’hôtel, puis dans l’immeuble, montrent un Tyler habillé d’un lourd manteau de fourrure, les cheveux certes rasé, alors qu’avant cela n’était pas, avec des chaussures de cuir chics et une apparence physique qui se distingue des autres par le travail qu’il a du lui apporter. Tyler n’est pas comme les membres du projet Chaos, il se distingue d’eux, comme s’il ne voulait pas se mélanger. Cette nouvelle manière de paraître trouble mais s’explique : Le moment du film où Tyler est richement vêtu coïncide avec la découvre de la vérité par le narrateur sur Tyler. Maintenant qu’il sait qui il est, l’apparence de Tyler change, il devient de nouveau l’opposé du narrateur. Alors qu’au débout toute l’existence du jeune cadre tournait autour de ses possessions matérielles, Tyler n’avait rien, vivait dans une maison délabrée, faisant de petits boulots. Maintenant que le narrateur est devenu tel que Tyler le voulait, maintenant que le narrateur ne possède plus rien, qu’il se retrouve emprisonné dans le plan qu’il a monté à son insu, Tyler, qui est ce que le narrateur voudrait devenir, se retrouve avec des vêtements couteux. Tyler n’est alors plus à voir comme une entité indépendante du narrateur est soucieuse de mener à bien le projet Chaos, mais comme un être à part entière contre lequel le narrateur est en lutte, et qu’il doit vaincre pour s’imposer définitivement comme être unique.


Telle est la dernière quête que le narrateur entreprend : Sa folie est tellement poussée qu’il ne peut concevoir Tyler autrement que comme un homme, et les actions de cet homme se répercutent dans la réalité. Le combat qui oppose Tyler et le narrateur dans le parking de l’un des bâtiments visés par le projet Chaos en est la preuve : Alors que les coups de Tyler ne devraient avoir aucune conséquence, c’est tout le contraire qui se produit : Tyler a non seulement le dessus, mais il parvient aussi à assommer le narrateur. Comment ce dernier se retrouve-t-il en haut d’un bâtiment, loin du futur chantier de destruction ? Simplement parce que le narrateur, lorsqu’il dort, est entièrement soumis à la conscience de Tyler. Je n’insisterai pas plus sur ce point.


Arrivé à ce moment du film, à la fin et pourtant au début, car le film s’ouvre sur cette situation étrange déjà au début, mais encore plus particulière aux vues de la relation entre Tyler et le narrateur, le spectateur se retrouve face à deux hommes qui luttent l’un contre l’autre, non plus par les poings mais par la pensée. Puisqu’immatériel, Tyler a pu remporter la première manche, mais la deuxième sera différente, car le narrateur comprend, peu à peu, comment Tyler a pu faire autant. Cela ne fut possible que parce que c’était lui qui faisait tout. Ce revirement est le dernier rebondissement du film, car à partir de ce point, tout est joué, et tout devient clair.


Tous les actes de Tyler, tout ce que ce dernier a pu faire, ce ne fut possible que parce que cela existait dans la conscience du narrateur. En voulant se libérer de sa vie sans intérêt, le narrateur a fait Tyler, et maintenant qu’il est sur le point de ne plus rien pouvoir avoir, le narrateur retrouve la pleine conscience de sa réalité. Il est libéré de la possession de Tyler, comme il est libre de la consommation. Le monde est maintenant un milieu où la liberté de choisir se pose comme une réalité, et non plus comme un état inutile. En plaçant le pistolet dans sa bouche et en tirant, le narrateur savait pertinemment que la balle n’allait pas le tuer, n’allait que le blesser. Mais Tyler meurt bel et bien, alors pourquoi ? Ce n’est pas une question de subjectivité, mais uniquement symbolique. Le narrateur, en se tirant dessus, met fin à l’emprise de ses propres interdits sur lui. Lui qui avait peur de mourir montre sa détermination à ne pas accepter la vie qu’il mène à ce moment précis. C’est ce choc sur sa propre conscience qui met fin au “rêve Tyler”.


Tyler disparu, le narrateur reste seul avec lui-même. Incapable de mettre fin au projet, il n’en demeure pas moins qu’il accepte pleinement ses responsabilités et son influence sur les membres du projet Chaos. Alors que Marla, celle qu’il défini au début du film comme la source de tout ce qu’il a fait, se retrouve à ses côtés, le narrateur assume tout ce qu’il s’est refusé de tenir pour vrai, et sur le fond d’explosion et de chute des immeubles, symbole du monde nouveau qui s’ouvre pour eux, les deux personnages se prennent la main, pour marquer l’acceptation de leur situation. Le narrateur n’a plus rien, Marla n’a plus rien, ils sont de nouveau comme tout le monde, car le monde ne possède plus rien d’autre que lui-même, débarrassé pour un temps des ravages de l’économie capitaliste.



Le Fight-Club, le projet Chaos, Tyler. Ces trois créations du narrateur sont les composantes de la folie de l’homme moderne. Perdu dans un environnement qui ne peut le reconnaître, car noyé dans une masse en continuel mouvement, le jeune homme moyen, comme il en existe des millions dans nos sociétés, se retrouve poussé jusqu’aux limites de sa personne pour s’exprimer, et cette expression, là où toutes formes de création est irrémédiablement dévorée, ne peut passer que par une forme de destruction. Inversement des valeurs au premier abord, puis continuation logique, avant de retourner vers une origine dont on comprend trop tard les vertus, Fight Club est un film dans lequel le spectateur n’est pas un simple regardant, mais également un possible. La normalité effective du narrateur et des membres du projet Chaos exprime cette folie impatiente qui nous anime (presque) tous et qui ne réclame rien d’autre qu’une valeur véritable, une valeur humaine, pour cesser d’être. L’acceptation du narrateur de ses sentiments envers Marla aurait pu être le premier pas vers son possible abandon, si tout n’était pas déjà joué d’avance, si la souffrance qui animait sa vie n’avait pas déjà décidé de la tournure des événements. En tant que spectateur, le spectacle de ce monde nous permet de prendre conscience de certains vices qui parsèment notre existence sans que nous y prenions gare. L’individualité poussée à l’extrême en une solitude tellement puissante qu’elle en devient mortelle a forgé cette conscience générale que Tyler a utilisée afin de parvenir à ses fins. La solution est extrême, peut-être trop, mais cela, l’histoire ne le dit pas. La seule chose qui demeure imaginable, sera que les hommes, enfin débarrassés de l’économie régnante, s’entendra pour former un monde nouveau, un peu comme celui que Tyler énonçait au narrateur encore sous le choc de son accident, un lieu “où les vêtements de cuir dureront la vie entière”, un monde non pas de consommation, mais de relations.





Bibliographie-Filmographie :


FINCHER, David, Fight Club, première sortie le 10 septembre 1999, adaptation du livre de Chuck Palahniuk.


ROUSSEAU, Jean-Jacques Discours sur l’origine et les fondements des inégalités parmi les hommes, première publication 1755, Préface au Discours.

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